Dans
les années quatre-vingt-dix, beaucoup de gens du showbiz venaient
faire la fête à Lyon. Pourquoi ? Je n'en sais rien, mais j'ai
souvenir d'avoir dansé sur des rythmes techno en face d'Yves Lecoq,
discuté de choses et d'autres avec Jean-Luc Delarue et envoyé
paître Laurent Baffie.
C'était
l'époque du Factory, une des premières boîtes lyonnaises à
diffuser de la techno hardcore allemande. La discothèque ouvrait du
jeudi au samedi et j'étais devenue une habituée à qui les videurs
ouvraient la porte. J'évitais ainsi l'interminable file d'attente
tandis que les gens grognaient, piétinaient et espéraient ne pas
être refoulés. C'était l'époque où le simple fait de travailler
dans la restauration ouvrait les portes de la nuit. Je suis
Samantha du Sunset café était mon code, mon mot de passe, mon
sésame. Je ne payais pas les cent francs d'entrée et, si je venais
avec des amis qui ne connaissaient pas l'endroit, je ne payais pas
mes boissons non plus. Dans la famille des bars, des boîtes et de la
nuit, on racolait les uns pour les autres.
Au
Factory, je dansais, buvais des gin-fizz et regardais voler
Thierry, le DJ harnaché en abeille, qui passait au-dessus des têtes
des danseurs en faisant Bzzz bzzz. Parfois la musique était trop
forte, j'allais alors reposer mes oreilles et mes pieds sur le divan
en velours rouge de l'entrée, face aux vestiaires. C'est là que
Laurent Baffie, suivi d'un caméraman, m'a interviewée.
-
Bonsoir Mademoiselle, nous sommes de la télévision, est-ce que vous
voudriez bien nous monter vos seins ?
-
Ah mais oui, je vous reconnais. Écoutez, avec plaisir, mais
voudriez-vous me monter vos couilles d'abord ?
-
[silence]
-
Non mais nous sommes de la télévision, nous voudrions montrer la
folie des boîtes de nuit, voudriez-vous nous montrer vos seins ?
-
Écoutez, avec plaisir, mais voudriez-vous me monter vos couilles
d'abord ?
[silence]
-
Mais... [il
commence à s'énerver, je garde mon sourire]
-
Écoutez, c'est simple, c'est donnant-donnant…
-
Mais nous sommes de la télé…
-
Et alors ? Vos couilles, mes seins. Aussi simple que ça.
Il
s'énerve, demande au cameraman mort de rire d'arrêter de filmer,
bafouille et s'en va en boudant.
Il
est revenu une heure plus tard pour s'excuser, mais cette séquence
n'est jamais passée à la télévision dans l'émission
d'Ardisson...
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Samantha
Barendson